Avant toute construction, clarifions les termes. La trame narrative, c’est la succession ordonnée des événements qui composent l’histoire. Elle englobe : les actions majeures, les rebondissements, la montée des enjeux, la résolution. Elle dessine la progression émotionnelle du récit.
Pensez trame comme on pense schéma de croissance : sans colonne vertébrale, la plante se fane. Même les romans les plus libres obéissent à une cadence sourde : tension, relâchement, relance. Virginia Woolf le disait : « Le roman est fait de détails ordonnés selon une marche naturelle. » (Journal, 1929)
Entrons dans le concret. Pour émerger dans la jungle des manuscrits, mieux vaut éviter la navigation à vue. Voici le parcours éprouvé par la plupart des romanciers – jalons et outils pour avancer à pas sûrs.
Exemple : le « What if ?» de Stephen King – une phrase hypothétique qui amorce tout (On Writing, 2000).
Chiffre-clé : Selon une enquête menée par l’Atelier des Mots (2022), 76 % des auteurs publiés écrivent d’abord une chronologie, même sommaire, avant de démarrer le premier jet.
La dramaturge Anne Ubersfeld remarquait : « Pas de théâtre sans seuils de crise. » (La Lecture du théâtre, 1996) Même le roman gagne à poser ses nœuds.
À cette étape, le bêta-lecteur ou l’atelier d’écriture deviennent précieux. Ils révèlent les ruptures de rythme, les zones d’ombre, les digressions dispensables.
Il existe autant de structures que d’histoires. Certaines lignées dominent l’édition, d’autres bravent les lignes droites. Quelques exemples utiles pour cerner son propre terrain de jeu.
C’est la “greffe américaine”, popularisée par Aristote mais omniprésente à l’école anglo-saxonne (Story, Robert McKee, 1999).
Avantage : tension renouvelée. Danger : perte du lecteur si les liens sont trop lâches.
Le premier jet n’est qu’une pousse : la réécriture affine, nettoie, densifie. Pour vérifier la cohérence de la trame :
Chiffre : Selon le site de lecteurs Librinova (2023), 65 % des manuscrits envoyés aux maisons d’édition sont refusés en raison d’une faiblesse structurelle ou d’un manque de cohérence narrative.
Certains comités s’appuient sur des grilles de lecture fondées sur ces critères :
| Critère | Points attribués |
|---|---|
| Structure et rythme | 25/100 |
| Originalité du point de vue | 20/100 |
| Qualité de la langue | 30/100 |
| Prouesse scénique (vividité des scènes) | 15/100 |
| Fin/dénouement | 10/100 |
Source : Grille standard de Manuscribay, plateforme de lecture éditoriale, 2023.
La tentation du schéma universel est forte ; pourtant, chaque voix porte sa propre cadence. Les romans non-linéaires, fragmentaires, ou hybrides trouvent aujourd’hui leur place, souvent en littérature blanche ou en collections dites « expérimentales » (cf. Verticales, éditions de Minuit, Métaillié).
Zadie Smith remarque : « Vous pouvez écrire ce que vous voulez, mais il faut savoir pourquoi et à quel moment vous rompez avec les attentes du lecteur. » (Feel Free, 2018)
Bâtir la trame narrative d’un roman relève de l’artisanat patient plutôt que du coup de génie. L’exigence portée à la structure détermine la portée de la voix, la force des scènes, la lisibilité de l’ensemble. Nulle recette universelle – mais des ressorts à ajuster, une terre à travailler. S’y atteler, c’est déjà faire un pas sur le chemin de la publication, vers la scène des textes entendus.
Qu’est-ce qui distingue un manuscrit prometteur d’un texte qui vacille ? À travers les lectures de comité, une affirmation revient : les histoires qui nous emportent reposent sur une charpente invisible, mais ferme. Sans structure, la voix s’embrouille, la sc...
Nous nommons « schéma narratif classique » l’ossature en cinq temps, popularisée par les analyses de Tzvetan Todorov (1969) et largement intégrée à la pédagogie littéraire (voir Littérature et sens commun, Gallimard). Cette structure, présente...
La structure offre un guide à la fois pour l’auteur·rice et pour le lecteur·rice. Elle soutient la cadence, la tension et, surtout, éclaire ce que vous souhaitez transmettre. Un comité de lecture, en maison d’édition, rapporte tr...
Un récit se distingue rarement par l’originalité de sa « grande idée », mais par la façon dont l’intrigue se déploie. L’arc narratif (terme emprunté à la dramaturgie et à la scénarisation) désigne ce cheminement...
La dispersion narrative s’invite souvent sans prévenir. Elle trouble le lecteur·rice comme l’auteur·rice : digressions, ruptures de ton, scènes qui semblent greffées. Dans un rapport de la SGDL (2023), 41 % des manuscrits rejetés en comit...