La transition, c’est cette couture invisible entre deux scènes. Trop voyante, elle peut alourdir la narration ; trop ténue, le fil conducteur se brise. Il s’agit ici de donner à chaque scène la place de germer et d’éclore, sans que le texte en perde sa vigueur. Pour le comité de lecture, un manuscrit se distingue souvent dès les premières pages par cette maîtrise : 86 % des éditeurs estiment que le rythme est décisif dans leurs choix (source : Livres Hebdo, baromètre 2023).
Virginia Woolf, dans son essai La Chambre à soi, notait : « L’art se glisse mieux lorsque l’on oublie sa présence. » Nulle part cela n’est plus vrai qu’à l’endroit charnière entre deux scènes.
Dans l’accompagnement d’auteur·rice·s qui soumettent pour la première fois leurs manuscrits, trois failles récurrentes se détachent :
Ces écueils peuvent briser la croissance naturelle d’un récit. Dans une analyse menée par la Société des Gens de Lettres (SGDL) en 2020, près de 40 % des jeunes auteurs ayant reçu un refus d’éditeur mentionnent « un enchaînement de scènes confus » comme retour le plus fréquent.
La maîtrise des transitions ne relève ni du hasard ni d’une formule unique. À chaque roman, à chaque nouvelle, son propre mode de floraison. Voici quatre méthodes testées pour changer d’atmosphère sans perdre la cadence.
La cadence d’un récit, c’est le battement de cœur qui entretient la tension narrative. Selon une étude du Centre National du Livre (2022), plus de 65 % des lecteurs abandonnent un livre s’ils perdent le fil au niveau des transitions. La transition, c’est aussi une promesse : celle de ne pas « casser le rythme », mais de le relancer.
Avec l’expérience viennent quelques gestes simples pour cultiver des transitions harmonieuses. Voyons-les comme des outils de jardinage : à sortir au bon moment.
La diversité des ouvrages publiés chaque année met en valeur la pluralité des voix et des méthodes. Quelques exemples peuvent servir de tuteurs pour votre propre floraison :
Réfléchissez : auprès de quels ouvrages éprouvez-vous la sensation de glisser, sans accroc, d’une séquence à l’autre ? Notez sur une page ce qui lie ces passages. C’est souvent là que résident les meilleurs enseignements pratiques.
Le but ? Sculpter, jusqu’à sentir la transition juste, celle qui dynamise la croissance du récit et fait respirer l’ensemble.
Les voix singulières apportent chacune leur nuance. Une transition peut épouser la ligne droite ou le détour poétique, s’appuyer sur un silence ou une cascade de dialogues. Cette diversité fait la richesse de la littérature contemporaine : en 2023, 34 % des romans classés premiers tirages par les comités de lecture mettaient en avant la prise de risque formelle (source : Babelio).
Osez donc, sans crainte des coups de sécateur. Travaillez le passage aussi attentivement que la scène elle-même, tendez l’oreille à ce qui relie davantage qu’à ce qui sépare. Pour reprendre les mots de Toni Morrison : « Si l’on ne se sent pas chez soi d’une scène à l’autre, le livre n’existe plus. » (Conversations.)
À chaque auteur·rice, sa cadence. À chaque récit, ses propres racines et ramifications. Mais, cultivant la transition, vous laissez à votre histoire toutes ses chances de croître, scène après scène, vers la lumière.
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