Quand on évoque la structure d’un manuscrit, on pense souvent « plan » ou « découpe ». Or, la structure, c’est ce qui retient ; c’est le jardinage du sens et de la progression. Elle guide la croissance de la voix tout autant que de l’intrigue. Derrière chaque structure solide, il y a une harmonisation entre perspectives (qui raconte ?) et scènes (quelles images, quelles tensions ?).
Le point de vue détermine l’angle par lequel le lecteur reçoit l’histoire. C’est la fenêtre, jamais neutre, par laquelle le monde fictionnel devient lisible. Selon l’étude du National Novel Writing Month (NaNoWriMo), près de 64 % des manuscrits soumis en comité de lecture utilisent la 1re personne ou une alternance focalisée. Signe que la question du « qui parle ? » n’est jamais anodine dans la réception d’un texte (NaNoWriMo).
La scène, quant à elle, est l’unité de tension et d’incarnation : elle donne à voir, à entendre, à ressentir. Marguerite Duras disait à propos de la scène : « Ce n’est pas l’action, c’est ce qui survit de l’action dans la mémoire de celui qui écrit. » (L’Écriture, la vie)
Varier les perspectives enrichit la voix du récit, mais peut aussi perdre le lecteur si la structure manque d’assise. Les comités de lecture sont particulièrement attentifs à la gestion du point de vue, qui doit permettre cohérence et identification. Quelques clés pour dompter ce levier :
Dans Des femmes puissantes, Mary Beth Keane alterne trois voix en leur accordant des chapitres entiers. Le lecteur prend racine, ne décroche pas (son roman a atteint la sélection du National Book Award 2023, source : Nationalbook.org).
Préparer une succession de scènes sans logique interne, c’est cultiver un jardin au hasard du vent. À l’inverse, chaque scène bien amenée pousse la suivante et prépare la récolte finale.
D’après l’atelier « Techniques de structuration » (La Marelle, 2022), la coupe de 15 % d’un manuscrit en phase de réécriture concerne en priorité les scènes « qui ne portent pas la plante », c’est-à-dire qui ne contribuent pas à l’enracinement du récit.
La structure générale d’un texte est comparable à la ramure d’un arbre : certaines branches (scènes) doivent être taillées, d’autres étoffées, mais toutes doivent converger vers le tronc central (l’enjeu du récit).
L’outil n’est rien sans le geste, mais il aide à clarifier le regard. Voici quatre approches éprouvées dans les ateliers d’écriture, en comité de lecture comme en phase de réécriture :
Les premiers manuscrits que je lis rencontrent souvent ces écueils :
Il n’y a pas d’équation magique : tout manuscrit trouve, par essais, découpes et fusions, la structure qui lui correspond. L’enjeu, c’est de ne pas confondre spontanéité et désordre. Structurer, c’est donner à votre voix de l’espace pour grandir, s’affiner, trouver ses appuis.
« Chaque phrase, chaque scène, c’est une graine dans le champ du livre », écrivait Annie Ernaux (Journal du dehors). L’articulation des points de vue et des scènes n’est pas simplement une technique — c’est un engagement : celui de donner à lire un texte qui vibre, qui respire, qui donne envie d’y revenir.
Nourrissez, taillez, transposez. Ici, la patience n’est pas une qualité mineure : elle permet à l’écriture de pousser à son rythme, fort, singulier, prêt à trouver écho sur une scène plus large – celle, toujours exigeante, des lecteur·rice·s attentifs.
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