La structure offre un guide à la fois pour l’auteur·rice et pour le lecteur·rice. Elle soutient la cadence, la tension et, surtout, éclaire ce que vous souhaitez transmettre. Un comité de lecture, en maison d’édition, rapporte très souvent que « la première faiblesse repérée dans un manuscrit est sa structure bancale » (source : Place des Éditeurs, entretien 2022).
« L’art du roman est l’art de la construction » écrivait Milan Kundera (L’Art du roman), insistant sur le fait que la forme structurelle est un choix de sens. Structurer, c’est choisir comment le lecteur recueille le fruit de notre travail.
Le début d’un récit, qu’il s’agisse d’un roman, d’une nouvelle ou d’un récit court, a plusieurs missions : installer une voix, amorcer le conflit et susciter une attente. Il s’agit d’une phase de germination, où tout se joue en quelques pages – le fameux « test des trois premières pages », utilisé dans beaucoup de comités de lecture (source : éditions Gallimard, 2021).
Une étude menée par le site Scribophile en 2019 sur 800 manuscrits de fiction soumis à des éditeurs anglo-saxons montre que 65 % des refus avaient trait à un début jugé « flou » ou « dépourvu d’accroche émotionnelle ».
Le milieu d’un récit est, selon John Truby, « l’endroit où la majorité des manuscrits s’effondrent » (The Anatomy of Story). Trop souvent, le récit s’enlise, la cadence fléchit, l’attention du lecteur se désolidarise. Or, le milieu, c’est l’espace où la voix s’enracine, où la structure prend tout son sens.
D’après une enquête menée en 2020 par le National Novel Writing Month, 48 % des auteurs amateurs abandonnent leur texte avant d’avoir franchi le milieu, invoquant une « sensation de stagnation ». Structurer cette partie, c’est donc préparer le terrain pour éviter l’abandon.
La fin, c’est à la fois la récolte, la floraison, la promesse tenue ou subvertie. Un récit dont la fin vacille laissera une impression d’inabouti, quel que soit le talent de la plume. En maison d’édition, d’après un rapport de l’Observatoire du Livre (2023), parmi les manuscrits sélectionnés puis finalement écartés, 38 % n’offraient pas une résolution claire.
Pour travailler efficacement la fin, les auteurs chevronnés recommandent souvent la « méthode du retour en arrière » : écrire d’abord la scène finale, puis remonter, pour savoir toujours où l’on va (technique évoquée par Margaret Atwood dans Negotiating with the Dead).
Il existe mille et une manières de structurer un texte. La méthode actancielle, les schémas en trois actes ou la carte du voyage du héros (Joseph Campbell) sont des outils, non des dogmes. À chaque voix sa cadence : certains récits s’épanouissent en linéaire, d’autres par ruptures ou échos.
| Méthode | Points-clés | Auteurs associés |
|---|---|---|
| Trois actes | Situation initiale, pivot central, dénouement | Aristote, Syd Field |
| Schéma du « voyage du héros » | Appel à l’aventure, épreuves, retour transformé | Joseph Campbell, Christopher Vogler |
| Construction en « épisodes » | Progression par scènes indépendantes liées par un fil conducteur | Elena Ferrante, L’amie prodigieuse |
Quelle que soit la méthode, le plus important reste d’adapter la structure à votre intention : « Il n’y a pas de règle, il n’y a que ce qui fonctionne. » (Antoine Bello, Les falsificateurs).
Nous sommes nombreux·ses à hésiter, à douter du plan, à redouter la rigidité. Pourtant, la structure n’est pas un carcan : c’est la serre qui permet à chaque voix – singulière, fragile, prometteuse – de s’élever et de franchir le seuil du comité de lecture vers l’édition. Si chaque manuscrit est une graine, la structure, elle, en est la terreau nourricier.
À vous d’expérimenter, de tailler, de laisser infuser. Nulle structure n’est figée. Mais chaque étape maîtrisée rapproche le récit d’une voix aboutie, d’un livre qui vibre, à son tour, pour un lecteur.
« Toute structure est un poème souterrain. » – Annie Ernaux (Atelier d’écriture, La Fabrique)
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